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Sommaire | | 12.
Guatemala (
mars-avril 2004)
Traversée
(450 milles 3,5
jours)
Jour
1 (21 mars PRINTEMPS) : Départ 9h, au largue. La météo
annonçait 20 nds de vent et des creux de 3 m et c'est ça. Marik
attrape un barracuda de plus d'un mètre, et le remet à l'eau : à
quand le vaccin contre la ciguaterra ? Jour 2
: Temps bouché. Toujours même vent et même mer. La météo
montre un front froid bizarrement stationnaire avec, à son extrémité
sud-ouest, une partie occluse juste sur
nous. Mer d'encre ; nuit d'encre ; vent noir. Seul
le plancton émet quelques lueurs dans l'eau, comme des étoiles noyées
; et les cargos illuminés, au loin, qui disparaissent, parfois, derrière
les vagues. Marik, totalement insensible au mal de
mer, fait cake au lard et clafoutis aux poires. On ne se laisse pas aller. Jour
3 : Temps clair et il n'y aura sans doute pas besoin de faire tourner
le moteur au débrayé 2h pour les batteries. Mais vent et vagues
mènent toujours la danse : deux jours pleins qu'on chevauche au grand galop
! On affale le solent pour quitter le plein vent arrière
qui nous mènerait sur des récifs déjà jonchés
de 5 épaves (Je sais qu'on ne prête qu'aux riches, mais là
ce serait un don !) 157 milles en 24 heures, voilà
qui console nos fesses galopantes. Si le courant contraire, d'au moins un noeud,
qu'on devait rencontrer existe bien, il ne nous ralentit guère. Jour
4 : On approche. On croise plusieurs cargos qui viennent visiblement de
Livingston ou de
Puerto Barrios. Quatre globicéphales noirs
nous rendent une visite courtoise. On distingue bien leurs têtes toutes
arrondies, et quand ils passent sous l'étrave ça nous impressionne
toujours. L'un fait un superbe saut en l'air ; c'est la fête. Ce
sera juste pour arriver avant la nuit, et le chenal n'est ni large ni profond.
Il nous faudrait souvent une petite minute de plus dans le temps qui nous est
donné (par le grand QUI ?) Effectivement il fait nuit ; on relève
un peu la dérive et on entre dans la baie de Livingston, un peu à
l'aide des feux, un peu en tenant le 225° et beaucoup en suivant des pêcheurs.
Marik n'est franchement pas rassurée, mais on arrive tranquillement, vers
20h, juste devant la guardia. Guatemala
.jpg) Livingston
fait penser à Scarborough : cool et bariolé. Le
rio dulce fait penser aux romans-poèmes d'Alvaro Mutis : une rivière
superbe qu'on pourrait remonter jusqu'à l'infini, sans autre but qu'elle-même. L'intérieur
des terres, que nous avons visité pendant un mois, est souvent d'une grande
beauté. Ce qui m'a le plus surpris, c'est l'omniprésence des mayas,
les descendants de ces formidables constructeurs, artistes, astronomes, et guerriers,
qui construisirent, parmi beaucoup d'autres, les villes et temples de Tikal, Copan,
Bonampak. Ils forment, sans doute, plus de la moitié de la population,
et sûrement, plus de 90% des pauvres. Cette injustice flagrante provoque
un malaise dans les rapports sociaux que nous avons eu du mal à supporter.
Mais ce sont affaires de terriens et nous ne parlerons pas plus du Guatemala ici
(voir cependant les pages de carnet). 13.
Belize, quand tu nous tiens ...(
mai-? 2004) Fin
avril, il est temps de quitter les rives du Rio Dulce et de se rapprocher de Paimpol
et de ses falaises. Comme on passe entre la côte du Belize et la barrière
corallienne, on s'octroie un petit arrêt dans une caye pour profiter une
dernière fois d'une baignade sauvage dans une mer chaude. On
y reste l'après-midi et on repart direction Isla Mujeres au Mexique. Et
c'est là que tout se gâte. On
commence petit avec l'alternateur qui nous lâche ; voyant rouge allumé,
plus de charge, odeur de plastique brûlé. On décide de faire
halte à Belize city pour le réparer. Un mécano nous démonte
l'alternateur pour le mettre sur un banc et nous fait patienter en nous disant
qu'une diode est à changer et qu'il en cherche une. On attend donc un peu
et pour finir, il ne réparera rien du tout et remontera l'ancien alternateur.
Pendant ce temps, on s'est plongé dans le circuit électrique du
bateau pour un travail long et fastidieux de repérage, mais c'était
vraiment à faire et on est content. Tout ça nous a quand même
retardé d'une semaine et on repart du Belize avec un vent plutôt
est alors que du sud-est est annoncé. Cap au 20°, toujours en direction
d'Isla Mujeres. La mer est hachée et pas très agréable. Après
plus de 24h de navigation au près, ça se gâte cette fois sérieusement.
On ne suit plus le bon cap, et Nomade a l'air de faire ce qu'il veut. On n'arrive
même plus à changer de bord. On ne comprend pas tout de suite ce
qui ce passe. C'est seulement quand Pierre voit le bout' qui sert à relever
la dérive tout mou qu'on ose à peine imaginer qu'on l'a perdu, cette
dérive. Au mieux, on fait du vent de travers, ce qui nous rapproche trop
de la côte. Si au moins le vent tombait, on pourrait continuer au moteur
mais non, il forcit plutôt et la nuit tombe. Après deux ou trois
heures d'essais, sans parvenir à faire mieux que 2 noeuds dans la bonne
direction, on renonce et on fait demi-tour, retour à la case départ,
la mort dans l'âme. Une fois passé le chenal d'entrée, on
mouille en eau claire pour aller voir sous le bateau. Effectivement, la dérive
est coupée nette au niveau du bas de la coque, il ne reste que le pivot
(parti au fond de l'eau, l'aileron, et les 100 kg de coke qu'on y avait cachés
!) On se croit dans un mauvais
rêve, c'est tellement incroyable ; et pas de choc, pas de bruit extraordinaires,
rien. On frappe
à plusieurs portes et on finit par apprendre qu'il y a une marina avec
une grue, à 5 milles de Belize city, " Cucumber beach marina ",
qui vient d'ouvrir ses portes. On va d'abord la voir en taxi car on se méfie
de ce qu'ils appellent marina (la marina de Fort St Georges dont on nous a parlé
avant est ouverte à tous les vents, et il est impossible pour un voilier
de s'y amarrer). Mais effectivement, elle existe, et il y a une grue. On amène
donc le bateau non sans frayeurs dans l'entrée étroite et peu profonde
(enfin, ce dernier point n'est plus un problème !). Nous
sommes le 12 mai. Après
avoir fait la déclaration à l'assurance, on commence à cogiter
sur des solutions. Tout nous est passé par la tête, depuis l'idée
de faire une dérive en fibre de verre et bois à celle de mettre
des planches sur le côté, pour faire un pseudo biquille, en passant
par une dérive provisoire en acier. Daniel, un Etats-unien qui a construit
des bateaux nous dit que le mieux est de compléter ce qui reste de la dérive
par une partie en acier, car les chantiers ici connaissent ce travail, et de remonter
jusqu'en Floride faire réparer. L'idée est sans doute bonne mais
on n'a vraiment pas les connaissances techniques et l'expert (qui est en France)
n'est pas chaud. La
série continue car une fois le bateau au sec, pas moyen de débloquer
l'axe de la dérive. Il a fallu attendre deux semaines les plans pour s'apercevoir
qu'en fait, ils ne nous éclairaient pas. On a fini par se dire que le mieux
était de couper l'axe. Entre-temps,
l'expert propose de faire fabriquer une dérive en France et de l'envoyer,
mais les délais risquaientd'être trop longs avec peut-être
à nouveau des problèmes techniques au remontage. Tout
ça commençait à ressembler au 183ième épisode
d'un mauvais feuilleton télé. On obtient toutefois du chantier Paul
Duke un devis pour une nouvelle dérive en alu, en réutilisant le
pivot restant. Arrivés à ce stade, on pensait encore ramener le
bateau même si on voyait le temps passer beaucoup trop vite et la saison
des cyclones avancer. On s'était fixés le 15 juin comme limite raisonnable,
avec 4700 miles à faire et 35 jours de mer en gros jusqu'aux Açores. Et
au bout de tout ça, changement de cap, l'assurance nous téléphone
en nous annonçant qu'au vu du devis et de la date, ils proposent un rapatriement
du bateau par une compagnie spécialisée, Dockwise (c'est un système
de dock flottant avec ballasts, le voilier entre directement dans le bateau comme
dans un port). On en est d'abord restés pantois,
en se disant que là, ça devenait de la grosse artillerie, mais pourquoi
pas ? Dans la mesure où l'assurance refusait notre proposition de réparation
sur place, on n'avait plus guère le choix. En
plus, on s'est dit, c'est leur rayon, ils connaissent, pas de problèmes.
En fait, pas du tout ; pendant une semaine, rien, pas de nouvelles. Je passe sur
le nombre de coups de fils à l'assurance
. En plus, on se rend compte
rapidement, en cherchant sur Internet des renseignements sur Dockwise, que ce
serait vraiment difficile de transporter le bateau à Miami, lieu de départ,
et qu'en plus, le bateau arriverait à Rotterdam et le tout en décembre. Bref,
en tournant et retournant le problème dans notre petite tête, on
en est arrivés à deux possibilités : ou on remet une dérive
provisoire (mais comment ? le problème n'a pas évolué depuis
le début) au bateau pour qu'il puisse sortir de Belize city, ou faire transporter
Nomade par cargo par un système de lift-on, lift-off (le bateau est placé
sur un ber, démâté, emballé et placé sur le
cargo à l'aide d'une grue) mais directement en Europe depuis le Belize.
Il y a une troisième solution, qu'on ne veut imaginer qu'en dernier ressort,
c'est redescendre le bateau à Rio Dulce ( avec des vents portants, ce n'est
pas un problème) où il serait à l'abri pendant la saison
des cyclones, faire une dérive en France pendant l'hiver, et revenir (enfin
Pierre, mais ceci dit, je serais pas contre une rebelote, faudra qu'j'en cause
à mon employeur) au printemps. Nous
terminons la quatrième semaine bélizienne et l'expert a trouvé
une autre solution : faire venir un skipper de Martinique qui remonterait le bateau
à Miami, sans dérive. Ca fait 5 jours
et pas de nouvelles, on attend. Entre temps, en discutant à droite à
gauche, on rencontre des regards plus que sceptiques sur l'idée d'une remontée
sans dérive. Affaire
à suivre, on vous racontera le reste à notre retour, faut bien garder
un peu de suspense. Les copains qui sont au courant ne nous plaignent même
pas, y nous disent que le Belize, y'a pire et franchement, c'est vrai. Pourtant
même s'il y a des douches à la marina, pour se rafraîchir des
journée à 33°, ça ne suffit pas. On n'a pas la tête
complètement libre et côté cool, il nous reste à faire
des progrès, si on se compare aux Rastamen qu'on rencontre au Belize. On
est quand même allés faire du snorkelling dans les cayes, et c'était
super, mais on n'a pas pu s'empêcher de se dire " Qu'est-ce qu'on aurait
été bien ici avec Nomade dans l'eau". Et quel est le rôle
du grand QUI dans tout ça ?

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